Les militant·e·x·s continuent de dénoncer les expériences menées sur des singes et des milliers d’autres animaux chaque année à l’Université de Fribourg.

Malgré l’été, pas de vacances pour les animaux enfermés dans les laboratoires. Dans le canton de Fribourg, plus de 8’500 individus ont subi des expériences en 2020. Un chiffre stable par rapport à l’année précédente. Au niveau Suisse, 556’107 animaux ont été tués en 2020, dont 6’739 lapins, chiens ou chats, et 190 primates. Le 30 août, c’est à Zürich qu’une action a eu lieu.

Il est possible de consulter tous les chiffres en fonction des années, cantons, espèces ou degré de contrainte ICI.

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Le canton de Fribourg est le seul, avec Zürich, où sont menées des expériences sur des primates. En 2020, ce sont 8’500 animaux au total qui ont été utilisés lors d’expériences dans le canton, dont 4’900 à l’Université, avec 13’900 animaux dans les animaleries. Une dizaines de singes sont actuellement détenus dans les laboratoires universitaires.

Interview avec la responsable du bien-être animal de l’Université, Andrina Zbinden.

Des expériences sur les primates ont-elles lieu en ce moment à l’Université ?

Oui, il y a une bonne dizaine d’animaux.

Un peu plus de 8’500 animaux ont été utilisés dans les laboratoires du canton de Fribourg, qu’en est-il du nombre d’animaux dans les animaleries ?

L’Université de Fribourg est responsable d’environ 60% des chiffres de l’année 2020. Les chiffres d’autres institutions et la recherche sur les animaux sauvages y sont également pris en compte. Le nombre d’animaux utilisés était d’environ 1/3 par rapport aux animaux élevés dans nos animaleries.

Parmi les animaux ayant subi des expériences en 2020 dans le canton de Fribourg, 6’912 ont été utilisés dans le cadre de recherche fondamentale. Qu’est ce que cela signifie ?

Tous les animaux que vous citez ne sont pas issus de la recherche universitaire. D’ailleurs, tous les animaux utilisés à l’université dans un domaine de recherche ne sont pas non plus utilisés pour la recherche fondamentale. D’une manière générale, le terme « recherche fondamentale » désigne toute recherche qui ne mène pas directement à une application en médecine clinique. Il est toutefois impossible de soigner des maladies sans comprendre les fonctions sous-jacentes du corps. La recherche fondamentale est le fondement de la recherche clinique. Il y a encore des milliers de maladies sans remède et il y a encore des milliers de fonctions corporelles qui ne sont pas encore comprises. C’est pour cette raison que la recherche fondamentale est menée, notamment dans les universités. Des domaines d’utilisation correspondants se trouvent dans toutes les domaines de la (bio)médecine et de la biologie. A l’Université de Fribourg en particulier, cela concerne les domaines de la cardiologie, de la pharmacologie, de la recherche sur le cancer, de la neurologie, du fonctionnement du cerveau, de la médecine régénératrice, de l’immunologie, de l’hépatologie, du biorythme, du Down Syndrome, des maladies infectieuses, des processus de vieillissement, etc.

En 2020, 5 rongeurs et 6 non-mammifères ont subi des expériences de degré de gravité 3, lesquelles ?

Il s’agit d’expériences avec une thoracotomie ou intervention sur le cœur. Les animaux reçoivent des analgésiques puissants après l’intervention pour éviter une douleur forte. Des critères d’interruption sont définis, afin qu’une expérience puisse être interrompue à temps si possible, avant que les animaux ne souffrent inutilement. En 2020, 11 macaques ont participé à des expériences de degré de gravité 2, dans le cadre de différents projets de recherche.

La Conseillère aux États Maya Graf explique que 550’000 animaux sont utilisés par an, mais deux à trois fois plus sont élevés, importés, et détenus. Selon elle, en 2020, 150 animaleries ont élevé et importé près de 1,3 million d’animaux, dont presque 80% de souris, en grande partie génétiquement modifiées. Cinq fois plus de souris que nécessaire pour les expériences ont été produites. N’ayant pas le bon sexe ou les modifications génétiques recherchées, la plupart sont euthanasiées, couramment par inhalation de CO2. Que pensez-vous de cette situation ?

Les institutions de recherche sont conscientes de cette situation, des initiatives ont été prises pour y remédier. Dans l’esprit du principe des 3R, nous devons réduire autant que possible le nombre d’animaux utilisés directement ou indirectement pour des expériences. Lors des congrès de formation continue dans le domaine de la science des animaux de laboratoire, ce sujet est intensivement discuté par la communauté scientifique.

Maya Graf dénonce un gaspillage de vies animales, car tout juste 20% des souris génétiquement modifiées et à peine 5% des poissons ont les caractéristiques requises pour les expériences”. Selon elle, les principes 3R sont inscrits dans la loi depuis plus de 30 ans, mais semblent ne pas avoir d’influence sur le nombre d’animaux excédentaires. Comment changer cette situation ?

Ces chiffres ne peuvent pas être confirmés par nos données, notamment pour les poissons. Il est vrai que dans le domaine des animaux génétiquement modifiés, de nombreux animaux ne peuvent pas être utilisés pour une expérience spécifique. Les mesures à prendre pour améliorer cette situation incluent l’utilisation de mâles et de femelles dans les expériences, ce qui n’était autrefois souvent pas possible. Avec une optimisation de la planification de l’élevage d’animaux génétiquement modifiés en fonction des besoins la situation peut également être améliorée. Finalement, un re-homing d’animaux a déjà été fait à l’Unifr. Toutefois, la loi ne l’autorise pas pour les animaux génétiquement modifiés.

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A noter que deux projets fribourgeois seront soutenus durant 48 mois par le Programme National de Recherche 79 (PNR 79). L’un est porté par la chercheuse Barbara Rothen-Rutishauser. Intitulé “Une étape réglementaire vers les 3R : affinement de l’extrapolation in vitro – in vivo (IVIVE) pour la toxicologie prédictive par inhalation”, il est financé à hauteur de 687’222 CHF. L’autre projet, du chercheur Jörn Dengjel, vise à remplacement des modèles de xénogreffe de souris par des systèmes in vitro 3D définis par des molécules. Il bénéficie d’un soutien de 715’666 CHF.