“Transition vers une science sans animaux. Élimination progressive de l’expérimentation animale, introduction progressive de l’innovation”. C’est le nom du Forum organisé le 14 novembre 2022 à Zurich par Animalfree Research.

Une cinquantaine de personnes ont participé au 12ème forum organisé par l’association Animalfree Research. L’événement s’adressait à toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’expérimentation animale, à l’utilisation des animaux dans l’éducation et au concept des 3R (Reduce, Replace, Refine). Ce forum a par ailleurs été accrédité par la Fédération des vétérinaires cantonaux suisses comme une demi-journée de formation continue en Suisse pour les expérimentateurs et les directeurs d’études.

De nombreuses questions ont été soulevées :
> Quels sont les principaux obstacles scientifiques, législatifs et financiers à la suppression progressive de l’expérimentation animale ?
> Quels domaines de recherche sont les plus propices à la mise en œuvre d’un remplacement complet de l’utilisation des animaux à des fins scientifiques ?
> Quelles mesures un plan d’action doit-il inclure pour parvenir à un remplacement et une réduction marqués des animaux utilisés dans la recherche ?
> Quelle serait une stratégie d’élimination progressive réalisable pour la Suisse et que pouvons-nous apprendre des autres pays ?

Au programme, des interventions de plusieurs invité·e·s :
• Meret Schneider, Conseillère nationale Verte,
• Franziska Grein de l’association PETA UK,
• Prof. Thomas Hartung, de l’Université Johns Hopkins,
• Dr. Silvia Frey, de l’association Animalfree Research,
• Dr. Miriam Zemanova, de l’association Animalfree Research,
• Saskia Aan, de la Société néerlandaise pour le remplacement de l’expérimentation animale.

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Vous avez organisé un 12ème Forum, comment la situation a évolué ces dernières années ?
Silvia Frey – Directrice d’Animalfree Research : Assez dramatiquement. Avant, nous pouvions véritablement nous concentrer sur des recherches scientifiques, mais ces 3 dernières années, le focus s’est davantage fait sur la question de la transition vers une recherche sans animaux.

Quelles victoires vous donnent de l’espoir ?
Il y 3 ans, nous avons lancé une pétition, signée par 13’000 personnes, pour obtenir plus de fonds pour le développement de méthodes sans animaux. Et cette année, la Commission scientifique du Conseil national a ccepté de mieux soutenir les alternatives. Nous avons de l’espoir, et surtout, de très bons arguments scientifiques.

Quelles technologies sont prometteuses ?
Le “Human-on-a-chips” est un grand objectif. Les organoïdes sont très prometteurs, ainsi que les méthodes in silico. Un arrêt complet de l’expérimentation animale n’est pas réaliste. Nous devons avancer par étapes. Nous avons surtout besoin du soutien politique et scientifique.

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Franziska Grein – Science Policy Advisor – Peta UK et France : « La transition vers une recherche sans animaux est possible, nous avons les outils et connaissances. Il faut les mettre en œuvre et accélérer le processus. Au niveau européen, une initiative citoyenne demandant la fin des tests sur les animaux a été un grand succès, avec 1,4 millions de signatures. Cela donne beaucoup d’espoir. En France, la création d’un centre national des 3R est une bonne nouvelle. Le gouvernement montre de la motivation pour améliorer la situation ».

 

Dr. Miriam Zemanova – Conseillère scientifique – Animalfree Research : « De nouvelles méthodes de remplacement existent, mais les statistiques montrent que les animaux continuent d’être autant utilisés. Nous avons besoin d’un plan stratégique, cela est nécessaire pour faire la transition vers une recherche sans animaux. Je suis optimiste pour le futur, car il y a 20 ans, on n’aurait jamais pensé qu’une telle évolution allait s’opérer. Maintenant, il faut convaincre les politiciens et les scientifiques ».

 

Meret Schneider – Conseillère nationale (Les Vert·e·s) : « Lors de ce Forum, j’ai présenté les possibilités au niveau politique, montré les stratégies et les clefs de communication pour s’éloigner de l’expérimentation animale. Comme toujours, en Suisse, tout prend plus de temps. Mais la situation s’améliore, le sujet attire l’attention, et la population s’y intéresse davantage. Je suis optimiste, nous sommes sur le bon chemin. Certains des objets parlementaires que j’ai déposés ont été acceptés, mais lorsque un amène un nouveau thème dans l’agenda politique, il faut être très patient, proposer des textes moins extrêmes, recommencer encore et encore. Il faut avancer par petits pas ».

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Sur son site internet, Animalfree Research rappelle que : “Grâce aux progrès techniques de ces dernières années, le remplacement total de l’expérimentation animale pourrait être à notre portée. Et pourtant, selon les dernières statistiques, 556’000 animaux en Suisse et 9,5 millions d’animaux dans l’UE continuent d’être utilisés chaque année à des fins scientifiques. Ces chiffres sont restés relativement inchangés au cours de la dernière décennie, ce qui montre que les efforts visant à remplacer l’utilisation des animaux à des fins scientifiques n’ont pas porté leurs fruits et qu’un plan d’action global doit être adopté”.
L’association se réjouit néanmoins, car en 2019, “l’Agence américaine de protection de l’environnement a annoncé qu’elle cesserait de mener ou financer des études sur les mammifères d’ici 2035”, et en septembre 2021, “le Parlement européen a adopté une résolution demandant à la Commission européenne d’établir un plan d’action à l’échelle de l’UE pour la suppression active de l’utilisation d’animaux dans les expériences”.